SAUVER LE PLAZA : UN ENJEU PATRIMONIAL ET ARCHITECTURAL


"Il est important de rappeler l'intérêt que représente le Plaza construit au début des années cinquante. La conception hardie de sa structure avec ses grandes fermes en aluminium, la galerie intermédiaire du foyer qui, pendant l'entracte, avant et après la représentation peut s'ouvrir d'un côté de la salle, assurent à cet ensemble une qualité spatiale remarquable que l'on découvre également en arrivant dans le lobby."  Robert Frei, in Le Cinéma Manhattan à Genève, révélation d'un espace, Association pour la sauvegarde du cinéma Manhattan et NLDA, Nouvelle librairie d'architecture, Genève, 1992, p. 42

C'est un vrai chef d'oeuvre que nous voulons sauver, en le ressuscitant et en en faisant le coeur d'un lieu culturel nouveau, voué essentiellement (mais non exclusivement) au cinéma.

Le bâtiment abritant la salle du Plaza, construit par le même architecte que la salle, Marc-André Saugey, a été classé en 2004, malgré l'opposition du propriétaire. Il a été classé parce qu'il est exemplaire de l'innovation architecturale de l'époque, et qu'il le reste après les rénovations qui y ont été effectuées en 1997. Hélas, le Conseil d'Etat a retiré la salle de cette mesure de protection en s'appuyant sur une "expertise" sur la rentabilité de la salle, expertise rendue par l'ancien exploitant Frank Stell, qui a bien entendu émis un rapport défavorable puisqu'il avait renoncé à l'exploitation de la salle précisément parce qu'elle ne lui rapportait pas assez. La salle n'est donc pas classée alors qu'elle est aussi exemplaire que le bâtiment qui l'abrite et qui, lui, est classé. Cette contradiction inexplicable autrement que par la soumission au seul argument du profit financier, menace aujourd'hui le Plaza de destruction pure et simple.

L'état de la salle est préoccupant, mais rien n'est irrémédiable. Elle a d'ailleurs été rénovée en 1997, sans atteinte à son enveloppe, et en 2004, après le rachat du bâtiment par la SA Mont-Blanc Centre, ses façades, ses toitures, ses colonnes, son chauffage, sa climatisation et ses ascenseurs ont été complètement rénovés.

"La construction du cinéma Plaza a été une extraordinaire aventure; c'est probablement une des oeuvres dans lesquelles Saugey et moi avons investi la meilleure part de notre potentiel en créativité, en ingéniosité et en témérité. Dans notre fascination pour une construction en aluminium, nous avons entraîné M. Maurice Cosanday, alors directeur des ateliers de construction Zwahlen & Mayr à Lausanne et jeune professeur à l'EPFL. M. Cosanday s'est enthousiasmé pour notre projet et nous a beaucoup encouragés. Il n'y a pas lieu d'exposer ici les détails de la construction de ce cinéma ni les problèmes techniques que j'ai dû résoudre. Mais il est intéressant de savoir par quelles réflexions successives Saugey, ses collaborateurs et moi-même avons mis au point le projet définitif.
Dans un premier temps j'ai proposé une voûte mince en béton. Pour Saugey un tel projet était dépassé et manquait d'originalité, car cela revenait selon lui à construire deux fois le plafond de la salle, d'abord en bois pour le coffrage, ensuite en béton pour le couvrir. J'ai alors imaginé une structure en acier avec un plafond en plâtre suspendu. Au fur et à mesure que le projet s'affinait, Saugey posait des exigences architecturales et décoratives toujours plus strictes. La charpente métallique devait être non seulement la structure porteuse de la toiture, mais aussi l'architecture plastique et décorative de la salle; nous avons étudié de très nombreuses variantes, mais Saugey n'était jamais satisfait.
Un jour j'ai eu l'idée de remplacer l'acier par le métal léger; la charpente du Plaza devint une charpente en aluminium. C'est alors que débuta ma plus belle aventure avec Saugey. Comme toute entreprise humaine, elle a commencé dans la passion de la découverte de technologies nouvelles, s'est poursuivie dans l'obstination à surmonter les obstacles techniques et financiers, pour se terminer dans l'improvisation des modes de faire. L'idée d'une charpente en aluminium a eu un attrait magique sur tous ceux qui travaillaient à la construction du Plaza. Elle est aussi devenue le levier qui a promu le métal léger dans la construction du bâtiment à Genève. Le Plaza a été une grande réussite tant sur le plan technique qu'architectural; il a fait l'objet de plusieurs publications dans les revues professionnelles. De nombreux architectes étrangers l'ont visité et ont consulté Saugey. "

Pierre Froidevaux, Le Cinéma Manhattan à Genève, révélation d'un espace, Association pour la sauvegarde du cinéma Manhattan et NLDA, Nouvelle librairie d'architecture, Genève, 1992, p. 27

Des feuilles de signatures pour l'initiative "Le Plaza ne doit pas mourir" sont téléchargeables sur
http://www.fichier-pdf.fr/2017/05/24/initiative-populaire-cantonale-lEgislative-formulEe-plaza/

Plus d'infos : Groupe Facebook "Le Plaza ne doit pas être démoli"
http://fb.me/PlazaCitta

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